J’ai voté en avance. Pourquoi? Lire la raison plus bas.
J’ai répondu récemment à un éditorialiste du Devoir, Jean-François Lisée (dont j’apprécie normalement l’esprit vif) qui conspuait cette fois les gens qui ont voté en avance! Sous cette image d’un vote, le vôtre j’espère, voici mon coup de tête.

Pourquoi ai-je voté en avance ?
Monsieur, votre jugement péremptoire sur les gens qui votent en avance me semble sorti d’une boîte de Cracker Jacks. Vous évoquez leur paresse, leur indifférence face aux enjeux.
Indifférence? Au contraire!
Je suis la politique assidûment depuis 1976 et, bien plus que mettre un bulletin dans une boite aux 3 ou 4 ans, je m’implique au niveau local et municipal. Résident en Ontario depuis 2003, je me suis en effet prévalue de l’option de voter très en avance, dans un bureau situé à 4 km de mon domicile, et pas pour les raisons de commodité ou d’indifférence que vous avez évoqué.
Ce déplacement en bicyclette dans le froid venteux m’a beaucop coûté en énergie et en temps.
Le jour du vote, je vais me déplacer hors de mon voisinage pour assister à une session publique au centre-ville. Le sujet? Un nouveau développement de 9 immeubles à condos de 40 étages dans mon quartier, session publique que le promoteur a récemment et judicieusement fait déplacer du début de mai au… 28 avril !
Tiens, tiens.
J’ai l’impression qu’il n’y aura pas beaucoup de citoyens pour poser des questions sur le projet. Construire des logements pour contrer la pénurie: oui! Mais ériger des tours à condos hors de prix qui vont rester vides (parce qu’achetés par des spéculateurs), ça demande réflexion.
Voilà pourquoi, ayant depuis longtemps fait mes devoirs en ce qui concerne les partis fédéraux, j’ai voté en avance.
Au fait, quid des quatre jours de vote par anticipation, dites-vous? Ces quatre jours du 18 au 21 avril tombaient… sur le congé de Pâques, occasion de visite à nos familles loin de mon foyer !
Rester dans son cocon, c’est prendre position
On ne peut plus rester « neutre » dans son cocon face aux luttes pour conserver une planète habitable, une société où il fait bon vivre pour tout le monde.
Se proclamer « au-dessus de la mêlée », c’est prendre le parti de rester mêlé-e dans sa tête et ses actions.
C’est aussi, accessoirement, accepter la main-mise des spéculateurs et des oligarques sur notre démocratie. J’ai lu et écrit suffisamment de dystopies comme autrice de SF pour avoir une bonne idée du prix à payer quand on se retire de la « mêlée ».
Donc, encore une fois, allez voter, même en conspuant notre système uninominal à un tour. La représentation proportionelle compensée offriraitune meilleure fidélité aux voeux de la population.
Plus que de glisser un bulletin dans une urne, choisissez un champ de préférences pour vous impliquer. Même un tout petit service, une présence à une assemblée, un mot gentil, planter des fleurs, modifier vos habitudes, réduire les médias sociaux toxiques, fera avancer la cause du bien commun.
Et un dernier gag pour la route?
Infos utiles
Pour trouver votre lieu de vote, voir le site d’Élections Canada
Pas encore certain ou certaine de vos affiliations? Consultez la boussole électorale de Radio-Canada.


























