Archives de Catégorie: Lectures

Venez me contourner au Salon du livre de Montréal!

Dans tout salon du livre, il y a toujours 10-12 auteurs incontournables et 2000 autres, ahem…. contournés!

Si vous voyez un-e auteur-e seul-e à sa table, prenez le temps de leur parler un peu! Même si vous n’achetez pas son livre vous pouvez diriger un-e ami-e vers sa table. (Et, de grâce, ne lui souhaitez pas « bonne chance » en fuyant!)

Venez me faire un petit coucou jeudi, samedi et dimanche, alors que je signerai mon dernier roman « Le secret de Paloma« au kiosque du REFC – 805

— finaliste au pris Alain-Thomas 2022

— finaliste au prix de l’AAOF jeunesse 2022

Mes heures au kiosque du REFC (le 805, juste à côté de la scène centrale et du café, hihi!) :

Jeudi le 24 novembre 2022,14h00

Samedi 26 novembre 2022, 11h00

Dimanche 27 novembre 2022, 10h00

Pour en savoir plus

La page du SLM sur Michèle Laframboise.

La page du SLM du roman Le Secret de Paloma

La page REFC du livre

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… et à vous la joie de vous immerger dans une bonne histoire!

Conte de Solstice

(photo: Adobe Stock / Martin)

Le paria

ou : les joies du décompte d’hiver avec Lady Byrd

L’air sous zéro chatouillait l’intérieur de mon nez alors que je respirais à travers le foulard de laine d’acrylique enroulé autour de mon cou. À travers mes oreillettes, je percevais le bruit de nombreuses bottes tapant la neige tassée et les murmures de manteaux de nylon se frottant les uns aux autres alors que les membres de notre groupe d’amateurs d’oiseaux se resserrait.

Ce réflexe ancestral ma rappela les images de buffles se tenant en un cercle protecteur autour de leurs petits.

La pire chose qui pouvait arriver était de ne pas avoir assez de couches de vêtements; l’observation exigeait de rester immobile pour une longue période. La jeune guide du Birding Adventure Excursions donnait l’exemple, enveloppée dans un anorak Canada Goose bleu pâle, ses jumelles pendant comme un papillon de métal sur son ample poitrine.

Étant une observatrice d’expérience, j’étais habituée aux conditions difficiles. De la jungle brésilienne étouffante aux plateaux de Patagonie, en passant par des centres-villes enfumés, des rivages marins, des marais de Floride, j’avais épié des oiseaux de toutes tailles et couleurs.

 Mais, depuis la perte de mon cher Paul, je partais rarement seule en excursion. Surtout en hiver. Trop de risques de glisser sur une plaque de glace et de me casser les os, ou de perdre conscience et mourir de froid.

Le décompte de Noël de la société Audubon coïncidait cette année-là avec le solstice d’hiver, et le symbolisme du retour de la lumière m’apportait une grande consolation.

Certes, je n’étais pas seule ni abandonnée : mon neveu m’avait invitée pour le réveillon de Noël et la plus aventureuse de mes nièces planifiait me visiter au jour de l’An. Mais je sentais la noirceur gagner sur le monde, et j’avais grand besoin de lumière. Pas question pour moi de paresser au lit pendant le jour le plus court de l’année.  

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Le lieu choisi pour le décompte, une bosse rocheuse dominant un champ en pente douce, nous offrait une vue sans encombre sur des kilomètres. Dans mon dos, une forêt mixte d’arbres feuillus et de conifères; devant moi, le grand rectangle immaculé d’un pâturage fréquenté en été par les vaches.

La navette qui avait déposé notre groupe près du sentier était repartie vers un endroit plus accueillant pour le chauffeur, un casse-croûte à quelques kilomètres de là. Nos lunchs avaient été déposés sur les tables à pique-nique à la lisière de la forêt.

La guide avait eu fort à faire pour dénicher un site d’observation à la fois éloigné de la grande ville pour nous épargner le grondement des autoroutes, mais assez proche pour ne pas poser de problème en cas d’urgence. Cet endroit était en retrait de la banlieue, sans être perdu dans la nature sauvage.

Le sentier menant au site n’était pas trop long, pour ne pas décourager les plus âgés parmi nous. Toutefois, un couple traînait à l’arrière, avec deux jeunes enfants qui négociaient la montée à leur rythme.

Le grand sac à dos de la guide contenait une trousse de premiers soins et des bouteilles d’eau. Elle avait aussi le nécessaire pour une excursion, une chaise pliante et des couvertures, au cas où. En ce moment, elle dépliait un tripode, et y vissait une puissante lunette de visée 15×50 qui ressemblait à une baleine miniature nageant vers la surface.

J’approuvais cette précaution, car bien des débutants arrivaient sur le site avec des équipements défectueux ou de mauvaise qualité, leurs lentilles usées et brouillées.

Je fermai les yeux, me rappelant tant d’heureuses sorties. Avec mes parents, avec Paul. Les solstices d’été et d’hiver avaient été, dans l’Ancien Monde, des occasions de réjouissance. Puis l’Église avait inscrit ses propres cérémonies par-dessus les rites païens, et les solstices s’étaient effacés de nos consciences. 

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35 cadeaux d’avant-Noël

Comme la tradition des calendrier de l’Avent, nous sommes environ 30 auteur/es qui participons à un projet tout aussi joyeux qu’original, organisé par Kristine Kathryn Rusch: le WMG Holiday Spectacular 2019 Kickstarter! Au cours des 35 jours avant Noël, une histoire sera envoyée par courriel chaque matin!

Chaque histoire arriverait dans votre boîte aux lettre! Et l’an prochain, le volume paraîtra!

Mon histoire, Winter Pariah, mêle solstice d’hiver et ornithologie. Et ils ont été bien gentils de placer mon nom en couverture!

Et voici les trois anthologies ensemble: Bloody Christmas réunit des histoires de crime en tout genres. Joyous Christmas rassemble des histoires d’amooooour ou d’amitié avec une fin heureuse! Winter Holidays est centré sur des fêtes autour de l’hiver, comme le solstice, le jour de l’An, etc.

Ces 35 histoires vont aider à promouvoir le travail de ces auteurs de genres (certains ont publié dans les trois anthologies!) Je les ai toutes lues: ce sont des bonnes histoires avec des fins satisfaisantes, même les histoires de crimes (que normalement j’aime moins, mais il y a toujours une forme de justice, hein !)

NOTE: Le niveau de soutien pour obtenir ces 35 histoires est de 20$ US mais il y a plusieurs échelons qui commencent à 2$ US.

La première arriverait le 28 novembre 28, 2019, et la dernière le premier janvier 2020. Il y a plusieurs avantages à appuyer ce projet, et plein d’autres récompenses s’ajoutent quand WMG dépasse son objectif! J’en ai appuyé quelques projets et ça valait la peine!

Pour appuyer ce projet qui se termine le mercredi 23 octobre 2019 (et indirectement m’appuyer aussi!)

Lecture printanière

Magazine Data File

On Spec 109

Même si je rate régulièrement les dates de tombée des soumissions à On Spec, je ne peux que vous recommander cette revue canadienne publiée en Alberta.
Je nomme Diane Walton et Barb Galler-Smith, que j’ai eu la joie de rencontrer à des conventions canadiennes, mais beaucoup d’autres personnes se dévouent pour faire de ce magazine une réussite! J’ai lu d’une couverture à l’autre ce numéro 109.

Sinkhole par Al Onia, se déroule en Australie sur fond de désert, une météorite gourmande absorbe la matière, sans cesse, et l’histoire se promène entre les points de vue des scientifiques et d’Allan, un aborigène du centre culturel bâti près du rocher Uluru, qui a confiance en ses traditions spirituelles.

L’article de non fiction de Konstantine Kaoukakis To boldly go where no teacher has gone, donne un point de vue d’un prof d’anglais qui découvre que la fantasy et la SF intriguent, et fascinent des élèves qui autrement s’ennuieraient.

Mon histoire favorite, Joyhound, par Calder Hutchison, est un bijou de SF et d’humour noir en milieu mafieux, fédoras inclus. Imaginez un loup-garou qui émet des phéromones qui le rendent irrésistible, que ses proies, en proie à un ineffable bonheur, veulent se faire manger… et en plus, sa salive est un antidouleur. Sans doute pas le premier pour le concept, mais quel traitement sublime, quelle héroïne en teintes de gris! Et quid des mafiosos là-dedans? Lisez!

Une autre histoire, « Two from the Field, Two from the Mill », par Geoffrey Cole, qui aime beaucoup le hockey et ça parait! Imaginez qu’une nuit, tous les chiens s’élèvent vers le ciel t disparaissent, dans une « rapture ». Les chiens, ces êtres dévoués laissent un gros trou derrière eux, que même les chrétiens cherchent à combler. Une joueuse de hockey professionnel (on a un auteur visionnaire, là!) qui elle aussi a perdu son chien, doit gérer la situation dans sa petite ville avant que ça tourne au vinaigre. J’avais lu deux histoires de Cole, et j’apprécie son humour.  Le titre, que je n’avais pas compris, je pensais que c’était une expression de hockey comme un trio d’attaquants, est une citation biblique sur l’ascension (Mathieu 24, 36-42).

Les autres histoires, sont When they burned my bones, de Lee Chamney, dans laquelle des fantôme connaissent une après-vie difficile, mais c’est mieux que rien! Peur et zen, donc.

Spirits’ Price, de Van Aaron Hughes, fantasy, où on obtient ce qu’on veut avec un conte bien raconté qui plait aux esprits, mais à un terrible prix.

Death is a Blindfold, de Rati Methrota, une histoire de rencontre du deuxième type qui laisse aux témoins une impression durable. Or si personne ne les croit et que les ET ne reviennent jamais, à quoi bon s’obstiner? Cette auteure est interviewée dans ce numéro.

Deux entrevues complètent le numéro: Rati Methrota, née aux Indes et résidente de  Toronto, et René Martinez, l’auteur de la couverture, né à Cuba et résident de Toronto, qui produit des illustrations colorées dignes de Gaudi.

Le prologue par Brent Jans, l’organisateur de Pure Speculation vaut le détour: « Everyone deserves to be Conned. Brent réalise que son événement, qui roule très bien, manque de diversité. Il va y remédier, quitte à sauter une année. La meilleure phrase:

« I struggled with the idea that I was somehow to blame in an SF culture that could somehow accept aliens and elves, but passively and actively made it unsafe for women, people of colour. LGBTQ2S, our Indigenous population –basically, anyone who wasn’t me.« 

On n’a pas souvent le point de vue d’un organisateur, et de ses efforts pour rendre son événement accessible (comme les interprètes aux Utopiales de Nantes qui ont des interprètes en langage des signes, et les deux premières rangées de sièges réservées aux personnes sourdes.)
En changeant de local et coupant le prix d’entrée, Brent a rendu le festival accessible en chaise roulante, et pour beaucoup de fans à faible revenus. Et non, il ne s’est pas mis dans la dèche! Ce sont des pages très encourageantes à lire par les temps qui courent.

Pour les gourmands, le numéro On Spec #110, un numéro double, vient de sortir.

Humour et amour font-ils bon ménage à la Saint-Valentin?

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Comme Noël, la Saint-Valentin est une fête difficile à vivre pour les esseulés qui souffrent.  Certaines personnes plus sages vivent en solitaire par choix, mais quand on souhaite partager ses joies…

Ils nous reste l’amour des livres, des univers dans lesquels on peut se plonger avec délices. Hélas, des tonnes de romans d’amour nous déboulent dessus, qui célèbrent des amants physiquement parfaits.

Mais… quid des moins mignons et moins minces? Et que dire de nos hivers rigoureux qui nous enfouit sous la neige, comme tout récemment chez nous?

Un amateur de fantasy qui n’a rien d’un elfe guerrier, enfermé hors de son auto et en retard pour son rendez-vous «aveugle» de St-Valentin. Trahi par son GPS, Nick se met en route dans la tempête.

Une femme de cœur qui n’a rien d’une princesse avec la cicatrice qui barre son visage, sent ses espoirs s’évaporer à mesure que la neige s’accumule. Puis, Dell doit quitter son poste pour secourir sa gentille propriétaire. 

Nick et Dell parviendront-ils à se rencontrer? 

Une courte romance d’hiver qui réchauffe le cœur, racontée avec humour et tendresse par Michèle Laframboise.

Valentin sous zéro

978-1-988339-62-7 (ebook)
978-1-988339-63-4 (imprimé)

La version anglaise, ici!

 

Éloge de la gentillesse ringarde

Le confrère enthousiaste

Un confrère très très gentil (anthropologue!)

« Aujourd’hui, on dirait que la gentillesse, la bonté, c’est devenu ringuard.»

Ces paroles m’ont frappées alors que j’écoutais une entrevue à la radio de la romancière Anna Gavalda (l’auteure du roman Ensemble c’est tout que j’ai commenté sur Goodreads).

L’auteure déplorait le déclin de la gentillesse comme valeur culturelle. Anna Gavalda est une auteure à la fois cynique et pleine de compassion pour les solitaires écorchés par la vie. C’est une auteure qui console (La Consolante est d’ailleurs le titre d’un roman récent.)

C’était il y a une dizaine d’années, et son constat sur la « ringardise » de la gentillesse a résonné très fort en moi.

Pour beaucoup, gentillesse rime avec faiblesse!

Tout comme la politesse, cette marque visible de respect envers des inconnus, qu’on écrase si facilement sous le vocable « politiquely correct ». La politesse, parente pauvre de la gentillesse, considérée comme un vernis de civilisation sans importance, mériterait son propre article.

La gentillesse semble une invitation à se faire piler sur les pieds, à laisser le télémarketeur continuer à nous vendre sa salade.  On abuse aisément des gens gentils, d’autant plus qu’ils –et souvent elles– culpabilisent à mort ! On pille leurs rares temps libres (puisque ces gentil-les font souvent du bénévolat ou s’occupent d’un personne invalide dans leur famille), on les interrompt, on les tasse de côté pour les promotions…

Homme ou femme trop gentil  (« nice » en anglais) sont souvent laissés pour compte, considérés comme pas assez excitants.

Être gentil, quossa donne?

Il y a fort peu de profit ou de récompense sociale apposée à la simple gentillesse, celle de tous les jours, celle qui « ne dérange pas ». Je suis pourtant riche de tous les actes de gentillesse accomplis au cours de ma vie, de tous les sourires qui ont fleuri sur mon passage, mais il n’en reste pas de traces visibles de l’extérieur. (à part les fleurs des jardins.)

À moins de posséder assez de richesses pour briller dans les bals de charité ou assez de notoriété pour passer à la TV (ou sur YouTube), les actes de gentillesse s’oublient.

Les gens d’affaires qui fréquentent ce blogue sont particulièrement conscients que de grandes fortunes se construisent souvent avec des « coups de jarnac » (pour rester polie). La corruption est difficile à déraciner, et les fonceurs vont et viennent sans douceur! L’aggressivité et même l’arrogance sont devenues des qualités d’un dirigeant.

J’ai le défaut d’être parfois trop gentille, trop serviable (lire: du mal à dire non). Paradoxe: ma gentillesse ne m’a pas apporté  autant de respect dans ma vie professionnelle. En plus, quand vous avez du mal à prendre — et garder–  la parole en réunion, les fort-e-s en gueule en profitent!

Je n’ai pas travaillé assez longtemps en milieu corporatif, mais j’ai souvent observé la chose en milieu bénévole: les gentils se tapent les tâches ennuyeuses d’un projet (les appels téléphonique, organiser le buffet, etc) mais, lors de la présentation du projet fini,  les beaux parleurs font la roue en public et s’arrogent une grosse partie du mérite. Ce sont leurs noms qui paraissent dans les publications, et ça fait aussi très beau sur le CV.

Dans l’autre sens, les employeurs gentils se retrouvent pris dans ce dilemme, quand ils gardent, trop longtemps, un incompétent par pitié.

La gentillesse n’a plus la cote… ni le vote!

On apprécie davantage un-e politicien qui a l’air confiant, plutôt que pour la véracité de ses faits. Des sondages à faire des cauchemars montrent que beaucoup de gens préfèrent une tyran « éclairé » plutôt qu’une démocratie.

On en a vu la démonstration en politique américaine : l’éléphant dans le magasin de porcelaine imposera désormais ses vues à la propriétaire. La France semble s’aligner sur cet exemple.

On réclame à tort et à travers un homme fort qui apportera un « changement » mais l’argent ne fait que changer de mains. Nous venons d’y goûter en Ontario.

Pas plus que la sagesse d’ailleurs. Mais ça fera l’objet d’une prochaine chronique.

D’où vient la gentillesse?

Le mot gens, en latin, signifiait famille dans un sens élargi.

Selon le Wikipedia anglais (article détaillé). Le concept de gens date de très longtemps, même avant la fondation en Rome en -753.   Au sens premier, gens désignait un peuple, une race.

2000 ans plus tôt, quand Jésus parlait des « gentils » (qui ne l’étaient pas toujours), il parlait de son peuple.

Dans la Rome antique, la gens (genitif gentium) était un groupe familial patrilinéaire, qui partageaient le même nomen gentilicium. Gentilis, qui dérive de gens, désigne une famille, des gens qui portent le même nom, qui appartient à la maison d’un maître. Quand on affranchissait un esclave, il ou elle était adopté et prenait le nomen de la famille, ce qui agrandissait la gens.

Un exemple des nom romain bien connu :

Praenomen, nomen, cognomen (surnom-s) : Caius Julius Ceasar

Donc, dans notre monde indifférent, la gentillesse est la seule façon de montrer à un parfait inconnu, qu’il-le fait partie de la grande famille humaine.

Et on en a bien besoin aujourd’hui!

Vale!

Ces quelques fleurs bleues, toutes petites, pour vous!

Ces quelques fleurs bleues, toutes petites, pour vous!

Un Solaris 207 punché!

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Ma nouvelle Un voeu sur l’Araignée est de la SF bien dure (toc-toc!) mais je suis bien entourée par un récit punché d’anticipation féministe très paradoxal de Luc Dagenais, et des auteur-e-s de talent (dont je n’ai pas fini de lire tous les textes). J’ai eu droit à une illustration de Laurine Spehner, une dessinatrice que j’admire (la revue l’a imprimée dans le mauvais sens, cependant!)

Un voeu sur l’araignée explore la réalité d’être un jeune vivant dans un vaisseau-génération. Mes p’tits neurones d’auteure de SF ont eu bien du plaisir à jouer avec les détails de la vie, comme celui-ci:

« les objets traversaient un cycle de naissances, de morts et de renaissances  qui leur conféraient une teinte morne variant du vert moisi au brun poussière. » 

Élisabeth Vonarburg nous offre un témoignage-réflexion émouvant sur Ursula K. Le Guin. Merci Élisabeth de nous rappeler sa mémoire. Pour mémoire, voici le lien qu’Élisabeth nous offre, Ursula lisant un texte en 2007 (pas d’image, environ 8 minutes) « She unnamed them ». Beaucoup d’humour, quand on comprend qui est ce « she« .

Pour en savoir plus

Pour acheter Solaris numéro 207!

Domotique ou Domus Justice?

Ma nouvelle « Domus Justice » est parue dans l’anthologie Fiction River 27, « Justice » éditée par Dean Wesley smith et Kristine Kathryn Rusch.

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Et malgré mon titre, Domus Justice, il n’y est pas question de domotique, bien que la technologie WiFi qui envahit nos maisons aurait sans doute aidé à résoudre ce mystère historique!

On parlait à la radio des progrès de la domotique, un lointain rêve de la science fiction qui devient réalité, tout comme les voitures sans conducteurs. Je ne suis pas certaine d’avoir hâte de vivre dans des maisons entièrement automatisées (certaines histoires de SF classique ont abordé le sujet) mais le mot Domo vient du latin Domus.

C’est très rare que je m’éloigne de la science fiction, cependant, j’ai toujours eu un petit faible pour l’Antiquité, et même la pré-histoire. Ceux qui me suivent sur Goodreads peuvent consulter les livres que j’y ai listés  sur le sujet.

Mon intérêt date de mes cours de latin au secondaire, car le cours couvrait autant l’histoire et la sociologie que les déclinaisons de la langue elle-même. (J’avais bien sûr été allumée par les Astérix que mon père nous lisait avant que ma soeur et moi sachions lire.)

J’ai rêvé de la gloire de Rome jusqu’à y aller un jour, et découvrir que le Forum Romanum était incroyablement… petit! Quand aux sept collines (que je récitais par coeur à l’époque, Le Quirinal  l’Esquilin le Virinal, le Palatin,…  ) je croyais voir des collines de belle taille comme le Mont-Royal (une des intrusions montérégiennes), mais leur proximité au site m’a surprise. J’en garde quand même un bon souvenir.

 

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Plus tard, lors d’une fructueuse vente de garage, je suis tombée sur une brique par l’auteure Colleen McCullough, The first man in Rome, qui m’a séduite à tous les point de vue. Surtout que Colleen y avait exécuté des portrait au fusain des principaux personnages, et une carte du Forum romanum, histoire qu’on s’y retrouve. J’ai particulièrement aimé l’esquisse de l’immeuble (Insula)  d’Aurélia, épouse de Gaius Julius Cesar III, le père de celui qu’on connaît davantage.

Sans préciser l’année, mon histoire se déroule peu avant les consulats de Marius et très longtemps avant Jules César dont la notoriété n’est plus à faire!

Une autre livre de vente de garage que je termine est The House of the Vestals, par Steven Saylor, qui a produit depuis de belles oeuvres historiques. Son site officiel bourré de bon livres. Dans House of the Vestals, on suit un sympathique enquêteur Gordianus the Finder, qui a lui aussi sa maisonnée et ses soucis très pratico-pratiques pour protéger les esclaves et les orphelins auquels il s’est attaché, dans un climat politique tumultueux (les nouvelles se déroulent entre 80 et 72 avant JC).

Dans ma nouvelle (qui sera traduite en français dès que je trouverai un moment entre mes projets qui bourgeonnent), on suit la vie trépidante d’une jeune esclave au sein d’une domus (maison) sous l’autorité du Pater familias, dans la bonne vieille république romaine. La voix narrative y est très particulière; cette jeune fille devait savoir éviter bien des écueils pour survivre, tout en sachant que jamais elle ne reverra les côtes de l’Afrique où les palmiers dont elle se souvient semblaient hocher la tête en signe de docilité…

Une lecture à découvrir, donc, dans Fiction River 27

Tiens, j’ai hâte à la prochaine saison des ventes de garage…

 

Penser à l’intérieur de la Boîte? Pourquoi pas!

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Z’êtes pas tannés de vous faire dire le contraire? Moi, si!  De la SF dure et croquante, pour ne pas dire craquante!

Comment penser à l’intérieur de la Boîte réunit avec un brin d’humour deux tropes de la science fiction: une race qui requiert des permutations constantes pour s’épanouir,  et leur vaisseau cubique qui contient le problème!

Comment penser à l’intérieur de la Boîte – Echofictions, 42 pages

En précommande, disponible chez Kobo le 1er décembre, puis chez tous les autres distibuteurs le 8 décembre!

Le lancement aura lieu au Salon du livre de Toronto 2017, au kiosque Echofictions.

Lien universel pour les versions électroniques

 

Une feuille tombe…

Je viens d’apprendre le décès d’une consœur poétesse.

Cécile Cloutier

Non, vous n’avez jamais entendu parler d’elle dans le tourbillon des vedettes d’automne et du Blade Runner sorti cette fin de semaine.

Cécile ne courait pas après les caméras. Elle hantait le salon de Toronto, portant toujours des gilets tricotés aux couleurs superbes (gilet rouge à gauche, noir plus classique à droite). Elle a laissé une petite trace de poèmes chez plusieurs maisons d’édition comme l’Hexagone. J’ai eu le triste honneur de mettre sa page Wikipedia à jour parce que je voulais que ce soit quelqu’un qui l’aime qui s’en charge.

J’ai beaucoup de peine; sans être une proche, je m’entendais bien avec elle lors des Salons de Toronto. Je ne l’ai pas toute lue, mais lors d’une lecture, je suis tombée amoureuse de tout petits bouts de poème, comme:

Entend

le cri rond

du silence

J’espère que Cécile était bien entourée dans ses derniers jours sur cette terre qu’elle aimait tant. Elle consacrait dans son jardin de Neuville un arbre à chaque fois qu’elle perdait un ou une ami-e poète. Si vous plantez un arbre, pensez à elle…

Je termine par un extrait de poème de Cécile Cloutier qui évoque cette saison.

Un petit arbre devant ma maison, aux feuilles lumineuses

Une feuille tombe

Écoute cette parole de l’arbre

 

Surprise de septembre!

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On m’a gâtée en me donnant deux fantastiques voisins de couverture: Jane Yolen, auteure et poétesse que j’ai rencontrée dans un festival voici une dizaine d’années, et Mark Leslie, dynamique auteur de la région de Toronto. Chaque auteur de Fiction River vivant hors des États-Unis (une quinzaine dans cette réimpression) y parle de son milieu de vie, de sa ville.

L’avantage d’un éditeur proactif, ce sont les réimpressions dans une anthologie.  Fiction River Presents no 7 : Writers Without Borders sort en primeur aujourd’hui sur toutes les plateformes.

 

Défis d’estoc et de taille en littérature historique!

Quelle dure époque est la nôtre, pensez-vous, où le spectre de l’intolérance et du racisme ressurgit un peu partout. On croirait retourner dans une triste période de l’histoire récente.

Ce n’est pas parce que j’écris de la science-fiction futuriste que j’ignore mes racines historiques. Au contraire, je lis souvent des romans historiques pour m’imprégner de certaines périodes. J’en ai profité pour ressortir mes romans historiques des boules à mites et en lire des nouveaux.

Vous vous rappelez les bons vieux films de chevaliers, quand le héros, entre deux passes d’armes, arborait un brillant sourire Pepsodent?  Et de frapper d’estoc et de taille sans montrer la moindre tache de sueur sous sa blouse immaculée? Les films récents ont au moins le mérite de moins cacher la flagrant manque d’hygiène.

Certaines périodes hautes en couleurs seraient insupportables pour nous, tant au niveau hygiène (adieu toilettes et douches, bonjour les puces!) que social (sacrifices humains chez les Mayas, jeux de cirque pour distraire la foule romaine).

C’est même un des attraits de la littérature historique que d’étonner, de secouer la lectrice en montrant (show, don’t tell!) des scènes typiques pour les gens de l’époque, mais moralement répréhensibles pour nous. Quant à la sexualité, la littérature destinée au public adulte ne cache plus rien des dessous (ahem!) de l’histoire.

Comme auteure, je me pose la question: comment plonger un jeune – ou un adulte – moderne  dans une période où tous les repères moraux et sociaux étaient fort différents? Voici quelques pistes.   

1- Genevière Blouin  — HANAKEN

HanakenTrilogie

1-La lignée du sabre
2-L’ombre du Daimyo
3-Le sang des Samouraïs

Ceux qui se souviennent de la série télévisée Shogun (adaptée du célèbre roman éponyme de James Clavell, paru dans les années 1970), retrouveront avec plaisir cet univers de samouraïs dans la série de Genevière Blouin.

Au départ la prémisse ne me rassurait pas: on a l’univers du Japon médiéval où les questions de loyauté et d’honneur ne sont pas à prendre à la légère. Le sang peut couler pour la moindre insulte. (J’ai une scène de Shogun en tête, où pour la première fois j’ai vu à la TV un malheureux serviteur se faire trancher la tête pour ne pas s’être courbé assez vite devant son seigneur.)

Donc, qui dit récit jeunesse dit jeune protagoniste plongé dans cet univers très, très dur. Ici on est gâté car on a en deux: Sato, un garçon et sa sœur (par une autre mère) Yukié.

Quand la série commence, ils ont 14 ans et assistent, incrédules, au suicide rituel de leurs parents, car le père avait comploté contre leur seigneur Takayama. On a des jeunes dans le sang, euh… dans le vent!

Parlant de jeunes dans le vent, un défi qui se pose souvent à un auteur jeunesse mettant en scène une jeune fille vivant à une époque reculée, c’est… de ne pas mettre en elle une copie mentale d’une adolescente d’aujourd’hui, alors qu’elle vit dans une société où les droits des femmes étaient circonscrits à la reproduction et ni l’expression « droit des femmes » ou le mot « féminisme » n’existait). Lire la suite