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JLT

J’ai, je devrais dire nous, avons perdu un ami et auteur de SF. Ami qui figure dans ce photo-roman des joies de la table de dédicaces réalisé en 2002.

Une heure à la table de dédicace : le photo-roman!
Un gag co-scénarisé avec Jean-Louis Trudel en BD, puis en photo-roman lors d’un vrai Salon du livre de Montréal (avec l’aide de Chris Oliver pour les photos) Notez comme JLT avait remonté sa carte pour qu’on puisse la voir un coup assis!

Jean-Louis Trudel, JLT pour les intimes) était pour moi un mentor, un idéal à atteindre pour le sérieux, la profondeur et l’exactitude de sa fiction. Il étudiait et critiquait des livres de fiction et non-fiction en plus d’enseigner l’histoire des sciences.

JLT était un marcheur infatigable, en bonne santé, et son décès subit à Vilnius nous a choqué-es. Sa page Wikipedia est déjà à jour, snif.

J’aimais bien l’agacer un peu pour son usage de mots allemands dans ses articles mais son travail intellectuel est sans mesure. Dans notre monde, ça PREND des personnes qui consacrent des centaines d’heures à lire des documents, pour les digérer et nous offrir une réflexion éclairante. Lors des discussions en ligne jamais JLT ne disait du mal de quelqu’un ni ne se mettait en colère. Il restait très zen.

JLT est la personne grâce à laquelle je suis entrée dedans le monde de la SF francophone en 1994.

J’avais rencontré Jean-Louis à la défunte librairie Nebula de Montréal lors du lancement d’Angloman (de mes confrères Marc Shainblum et Gabriel Morrisette.) Comme je traînais souvent des dessins de mon univers de SF avec moi, je l’avais pris pour un auteure de BD et lui ai montré une illustration en couleurs qui avait demandé des heures de travail dans le Photoshop de l’époque. Ouf.

(Parenthèse, je n’aimais lire QUE de la SF avec des robots et des fusées, mais hélas les cours de littérature française n’offraient que des histoires du terroir, des écrivains français morts depuis longtemps, ou de rares oeuvres de SF déprimantes comme la pluie ou 1984. Je me suis donc tournée vers la création de BD, plus joyeuse.)

Quelle surprise d’apprendre qu’il exsitait une communauté de science-fiction francophone ! Il s’avéra que Jean-Louis gérait le serveur de la liste SF Franco, auquel je me joignis. Que d’échanges d’idées entre tous ces Francais de France et d’ailleurs, et les québécoi-ses.

Au cours des années je me suis efforcée de combler mon retard, et j’ai écrit, beaucoup écrit et dessiné des histoires. Quand Passions étouffées sous la pierre cendreuse de Jean-Louis Trudel est sorti en 1999 dans Solaris 130, j’ai voulu l’adapter en BD, ce qui a donné, après bien des transformations et un coup de main de Salvador Dallaire, Ruego.

La BD Ruego, d'après une nouvelle de Jean-Louis Trudel, co scénarisé avec Salvador Dallaire

JLT était aussi une moitié de Laurent McAllister avec Yves Meynard (qui a fait les frais d’une de mes BD, La Zone Sci-Fi, que je n’ai pas sous la main). Les deux ont concocté des nouvelles pas piquées des vers et en 2009, le superbe SUPRÉMATIE chez Bragelonne. Une saga de space-op de 672 pages bourrée de concepts brillants que j’ai tant aimée (ma revue de lecture, avec un peu de spoilers sur Goodreads) que j’en ai fait des haikus, et un roman-photo parodique, avec des photos des congrès Boréal à travers les années qui nous fait revoir des ami-es.

Le Petit Suprématie Illustré : partie 1, partie 2, partie 3, partie 4 (extrait ci-dessous)

Bref, parodies à part, je dois beaucoup à Jean-Louis pour ma carrière en écriture de SF. (20 romans et 90 nouvelles au compteur pour le moment… )

Merci cher JLT et bon voyage dans l’univers suivant!

La Savante folle remporte deux prix Aurora-Boréal

Le Congrès Boréal qui se tenait au Cégep Bois de Boulogne, rassemble les amateurs et auteurs de SF francophones. Depuis dix ans, les Prix Aurora-Boréal y sont décernés (séparés des prix anglophones Aurora.) Avant le Congrès, des votes de mise en nomination pour les Prix Boréal sont comptabilisés des œuvres publiées/diffusées en 2023, et le vote final a eu lieu en fin de semaine. Dinaliste dans deux catégories, je n’avais pas beaucoup d’attentes mais… Surprise!

Ma BD Ruego et le blogue de la Savante folle (ici!) ont été récompensés.

Ruego, mock-up 3D

Un grand merci à mes hordes de fans fantastiques qui m’ont décerné le prix Aurora-Boréal 2024 de la meilleure BD, avec Ruego (2023, Echofictions).

Ruego provient d’une nouvelle de Jean-Louis Trude, paru dans Solaris en 1999 (sous le titre Passions étouffées sous la pierre cendreuse), et adaptée par moi-même, avec un peu d’aide graphique de Salvador Dallaire, en 2003 dans le fanzine Zine-Zag 14 et 15; en 2007 en anglais pour un lancement à Windsor; en 2014, une édition limitée en français. Enfin, en 2023, une édition enrichie par une section de croquis et un historique, est publiée par Échofictions.

Mon blogue de la Savante folle est arrivé ex-aequo avec une formidable collègue, Mariane Cayer et son blogue Les lectures de Prospéryne! Le blogue de Prospéryne existe depuis longtemps, et ce n’est pas rien de recenser régulièrement les romans de genre! On a besoin de ces personnes qui prennent le temps de lire et de commenter, car le nombre étourdissant de publications, face à notre temps libre et aux prix des livres, nous empêchent de tout lire.

D’ailleurs, il y avait, seulement en SFF francophone, une pléthore de romans éligibles (dont Rose du désert, David 2023) aux Prix Aurora-Boréal. Je me souviens du temps où on pouvait lire tout ce qui se publiait au Québec en un an. *

Ce fut un moment particulièrement émouvant, car c’est la première fois que je remporte un prix Boréal. En plus du témoignage d’appréciation par mes pair-es, j’y ai gagné de superbes plaques artistiques préparées avec amour par notre grande dame de la SF, Élisabeth Vonarburg. C’est un service que l’écrivaine de Saguenay nous rend chaque année (et non, ce n’est pas de l’IA mais des productions d’artistes 3D).

Mes plaques de prix Boréal, aimablement préparées par Élisabeth Vonarburg. L’insecte est particulièrement impressionnant.


* Avec quelques best-sellers en prime. Le cheval d’orgueil, chronique paysanne très dure de Pierre-Jakez Hélias publiée en France en 1975, avait trôné au sommet du palmarès de La Presse pendant deux ans! Avant Le cheval d’Orgueil, il y avait eu d’autres succès, dont Papillon de Henri Charrières, et Le Parrain de Mario Puzo, les deux sortis en 1969.

Ruego: un court space-op chez Échofictions

Lancés sur les traces de mystérieux attaquants, un détachement de trois armées alliées débarque sur un monde désertique, Ruego. Là, les extra-terrestres ont laissé une ville dévastée où survivent des naufragés depuis des siècles…

La genèse de Ruego

Auteur prolifique, Jean-Louis Trudel a développé au cours des années un riche univers de SF, qui a généré des dizaines de romans et de nouvelles. Son blogue, Culture des Futurs, aborde avec rigueur des problèmes liés à la science et la société (culturedesfuturs.blogspot.com) La première incarnation de Ruego s’intitulait Passion étouffées sous la pierre cendreuse, nouvelle de SF publié dans la revue Solaris 130 en 1999.

L’adaptation en BD

Il y avait une grande richesse dans cette nouvelle de Jean-Louis Trudel. Sous les allures de space-opéra militaire, Ruego pose les questions sur la colonisation et les rapports humains, la communications décalée, l’incompréhension… aux conséquences explosives.

Avec la permission de l’auteur et l’aide précieuse de Salvator Dallaire pour la mise en page, j’ai adapté la nouvelle en une BD de 18 pages. Le court space-opéra fut publié dans le fanzine Zine Zag 14 et 15, en 2003-2004.

Plus tard, j’ai redécoupé pour faire une version de 24 pages, avec une reliure brochée. Ces exemplaires étant écoulés lors de festivals BD. Cela a pris quelques années avant de faire un nouveau montage, en tons de gris et de faire imprimer chez Rapido-Livres à Montréal. Le space-opéra Ruego est donc la toute dernière parution de la collection Sunday Artist Studio de Échofictions.

Comme le montre l’extrait ci-dessus, c’est une histoire plus mature, en tons de gris. Une section sur l’histoire de cette adaptation et des croquis complètent la BD.

Le lancement a eu lieu lors du dernier FBDM sur la rue St-Denis, et les copies papier se sont envolées! Des versions électroniques seront mises en ligne bientôt.

Ruego, Echofictions, 46 pages N&B
ISBN 978-1-990824-12-8
reliure allemande

Le Galaxies 61

Arrivé par la poste, sur les traces de l’autre…

Ce numéro 61 de Galaxies (nouvelle série) est arrivé cette semaine. Avec mon texte Tinkerbelles, dont le protagoniste ne vous laissera pas indifférent…

Autosuffisance alimentaire, déclin des abeilles, mini-robots, cerveaux augmentés, programmation génétique. Si nos paramètres génétiques limitent nos choix, peut-on encore brasser la cage mentale?

Pour vous le procurer en électronique ou papier, et découvrir les conteuses et conteurs d’histoires, et le dossier bien fouillé de Jean-Louis Trudel!

Le petit Suprématie illustré – 4

Suprématie

C’est la fin de la route pour le Harfang!
Attention: SPOOOOOILERS!

*

Rappel des épisodes précédents:

partie 3,

partie 2,

partie 1

Le Harfang parvient  à rattraper   la cour à scrappe volante, la Flotte Oubliée. Une fois sur place, on fait main basse sur la matière étrange, non sans quelques distractions.

Le Harfang se sert joyeusement dans la cour à scrap oubliée!

Enfin, grâce aux efforts de Hillar « mettez d’la matière étrange dans vot’moteur » Kerkovius, le Harfang est bien protégé par la matière étrange, tout remis à neuf!

Harfang Gonflé à bloc avec la matière étrange

La veille, l’équipage se réunit sur Ashita, une planète océanique, pour contempler le coucher de soleil.

Coucher de Soleil sur la baie d'Ashita

Pendant le party, quelques apparations errent.

Apparition au party

Le jour J, on approche du système de Canterna ! Tout le monde est sur un pied,  un tentacule, une patte d’alerte.

Enfin… ceux qui n’ont pas trop fêté la veille!

Maudite Boisson

Quelques apparitions errent dans le vaisseau. Lynga interroge Mnémosyne et comprend qu’il s’agit d’apparitions d’univers divergents! Ici, une apparition de l’univers de Vrélanik!

Apparition rochonienne

Bref, à l’attaque!

Canterna est *très* bien défendue par une flotte d’expérience! Ça prend quelques itérations (combien? réponse dans une prochaine image)  pour que le Harfang déjoue tous les pièges, y compris les Schwartzchilds portables semés sur le chemin.


Yé, un autre mot allemand !

Infos sur le rayon de Schwartzchild ici et le trous noirs de Schwartzchild . (Non, c’est pas la même chose!)

Malgré des odes impossibles (calque de l’anglais), et grâce à son incroyable accélération, le Harfang  parvient à percer le blocus…

De l'action, de l'action, de l'action!

Et à larguer ses 50 bombes « Special Strange Matter Mix » sur Canterna.

Le Harfang largue 50 bombes "Special Strange Matter Mix" sur Canterna

Un soleil impossible s’allume sur le pôle nord de Canterna…

Malgré l’imminence de la destruction, les dirigeants suprémates croient davantage leurs filtres de réalité que leurs sens! (Ce qui nous rappelle quelqu’un au Canada…)

Les filtres de réalité des dirigeants de Canterna restent en place

Au fait,  où est passé le capitaine?

Ben oui, Alcaïno avait gardé la nostalgie de ses chers alpages, que voulez-vous…

Alcaïno retrouve au dernier moment ses doux alpages.

Le Harfang et son équipage s’enfuient dans la trame, non sans quelques remords.

Explosion de Canterna et fuite du Harfang

FIN

(bouhouhouuuuu, c’est finiiiii !)

*

Ont participé (bien malgré eux!) à cette parodie

Les deux moitiés de McAllister, déguisés en officiers du Harfang lors du Boréal 1997Laurent McAllister (les deux moitiés photographiées en 1997 alors que Suprématie n’était encore qu’une ébauche nuageuse dans leurs têtes)

Elisabeth Vonarburg en SuprémaîtresseÉlisabeth Vonarburg (lors du même congrès Boréal, c’était aussi le jour de son anniversaire!)

Ame damnée de la suprémaitresse!

Daniel Sernine, à la même époque

Normand Molhant et Colette en costumes de TyranaelNorman Molhant et Colette (idem) en costume de Tyranaël

Kerkovius Refuse de collaborer Alain Bergeron (congrès Boréal spécial 20 ans de Chicoutimi), avec la savante folle ( à gauche)

Blaauw sourit innocent rareGilles Gagnon, mon mari et amateur de SF (photo prise lors d’un party quelconque)

Joyeuse ambiance à la Soutenable Légèreté, un bistrot de LierreLa gang du Congrès Boréal 1997 à Montréal… (trouvez l’intrus!)

Soyouz CollectifLa gang du Congrès Boréal Spécial 20 ans 1999 à Chicoutimi

Trois Parleux DikkiksLes Shingouz, empruntés aux Valérian et Laureline, de Mézières

Les Wookies, le Predator, une couple d’autres vedettes qui ont aussi fait un subtil caméo…

Les éditions Bragelonne pour avoir publié cette oeuvre

ET…

*

dans le rôle du Harfang

Un GROS

Merci

à

*

L’Opéra de Sydney qui a si bien joué ce rôle de composition!
(Photo par Cat Sparks; la présence de Peter Watts est un total hasard)

AVANT

Opera House, par Cat Sparks (avec Peter Watts devant)

APRÈS

Harfang Gonflé à bloc avec la matière étrange

La science-fiction à l’école

En cette première journée du congrès Anticipation, se tenait un atelier spécial sur l’enseignement des sciences et la SF.

Animé par Julie Czerneda, auteure de mérite, biologiste de formation ayant longtemps enseigné les sciences, l’atelier se déroulait dans les deux langues. Il est malheureux que les professeurs du Québec étant en vacances, fort peu ont assisté à cet atelier.

Julie Czerneda et Michèle, lors de l’atelier

Julie Czerneda et Michèle, lors de l'atelier

Éric Gauthier a donné une présentation sur ses expériences avec les élèves au secondaire. J’ai présenté mon atelier sur la crème glacée littéraire destinée au primaire ou secondaire, et le sympathique Phillippe Colin nous a enrôlé pour jouer des sketches tirés de contes de science-fiction, qu’il montre au primaire. Francine Pelletier et Christian, l’époux de Danielle Martinigol, se sont prêtés à cette expérience.  On comprend que les petits en redemandent!

Les volontaires pour le sketch

Les volontaires pour le sketch: Christian et Francine, reprenant Robbie le robot, d’Isaac Asimov. Costumes fourni par l’animateur!

Ingénieux Philippe Colin

Ingénieux Philippe Colin!

Quelques notes

Julie Czerneda utilise la SF, une ressource mal connue, pour présenter la démarche scientifique aux jeunes et pour développer leur imagination. Entourés de publicités revêtant les atours de la science, il faut que les élèves voient la science comme quelque chose qui les aide à comprendre l’univers qui les entoure.

« Que la science soit pour les jeunes tout aussi importante que la marque de  rouge à lèvres que les vedettes préfèrent. »

Julie constate la pauvreté des bibliothèques scolaire en livres de SF accessibles: des ouvrages plus courts, des nouvelles. Le projet « About SF » recense des livres accessible pour les jeunes adultes. Un exercice en classe est de rédiger un texte sur les conséquences d’une technologie.

Pour Jean Pettigrew, éditeur de la maison Alire, la SF est la seule littérature qui pousse les idées à leur maximum.  Pour lui, la SF est tournée vers l’univers, l’extérieur, vers une réflexion sur l’avenir de l’humanité, tandis que la littérature mimétique est davantage tournée vers l’intérieur (triangle amoureux, etc.)

George Henri Cloutier, enseignant au CEGEP retraité, a fait l’expérience de faire lire un livre de SF, _Shambleau_ à ses élèves.  Cependant, les filles avaient du mal à s’identifier à la SF de cette époque (avec le sexisme ambiant) que reflète la série de nouvelles signées par Catherine L. Moore. En offrant un choix de genres aux jeunes (polar, SF ou classique), les proportions restent les mêmes. Plus de garçons choisissent la SF, les filles du classique… Il est bon de ne pas imposer un livre de SF, car cela amoindrit la mesure de liberté, de révolte et d’évasion que la SF a été pour toute une génération.

Julie mentionne que la SF procure des aventures agréables, et passé la puberté des lecteurs, on peut aborder des sujets plus lourds de conséquences, comme la destruction du monde, etc. (Un panel ultérieur aborde la facon d’écrire de la SF « pour les jeunes », et les problèmes de représentation de violence ou sexualité explicite..)

Danielle Martinigol rencontre souvent des profs aiment ses livres, mais détestent la SF. Le terme science-fiction rebute les enseignant-e-s.  Elle souligne que les jeunes en France lisent de la SF jusqu’à 14-15 ans, mais que la pression élevée d’étude pour le « bac » au lycée fait que les lectures en-dehors des « classiques » diminuent. Si les jeunes redécouvrent les genres, ce sera au niveau universitaire…

Jean-Louis Trudel présente sa mallette à thème scientifique, une initiative de bibliothécaires, contenant de livres de fiction et non fiction pour faire découvrir les sciences. Chaque mallette exploite un thème: écologie, astronomie, physique, génétique…

Un participant pose la question, pourquoi une telle connotation négative de la SF? Parce que les professeurs employaient souvent des textes de SF pour illustrer des erreurs ou des abus de la science (exemple, Soleil vert), ce qui peut rebuter des jeunes.

Bref, le premier contact des jeunes avec la science-fiction doit être piloté avec finesse.

J’ai donné une agréable entrevue à Anne-Sophie Blondin, des Années lumière à Radio-Canada.  J’y explique que la SF est une saveur moins bien connue de la crème glacée littéraire…