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La Savante folle remporte le Prix Trillium!

Inespéré, inattendu!

Michèle en blouse fleurie recevant son beau prix! Avec la représentante de sa maison d'éditiont qui a les yeux fermés... (Photo Gilles Gagnon)

(Michèle en blouse fleurie recevant son beau prix! Photo par Gilles Gagnon)

Trois p’tits tours…

Trois fois finaliste aux prix littéraires Trillium avec un roman de SF*, cette année j’ai eu la joie de voir mon dernier, Le secret de Paloma qui a ouvert la porte et remporté cette distinction!

Je ne peux que remercier les membres du jury francophone de ne pas avoir eu peur de ma saveur de crème glacée littéraire. Car pour un roman de science-fiction, le parcours vers la reconnaissance est plus accidenté. La dernière fois, ce fut le roman SF de Sylvie Bérard, Terre des autres (qui se déroule sur une autre planète), qui avait eu cet honneur.

Sur le coup, quelle surprise! J’avais lu les deux autres romans finalistes –qui sont excellents, en passant– et je savais que la science fiction n’est pas une saveur de crème glacée aussi populaire ou appréciée que la vanille (laquelle se décline en délicieuses catégories aussi: vanille à l’ancienne, vanille française, etc.) et qui se mange avec tout!

Techniquement, la catégorie s’appelle le Prix Trillium du livre pour enfants (même si ce sont plus souvent des livres s’adressant aux adolescents) le Trillium Books Award for children’s books.

Et un trio!

C’est enfin arrivé, comme me l’a fait remarqué un ancien directeur littéraire: les membres du Trio de Timmins (2008) ont chacun gagné un prix Trillium! Le trio de Timmins c’est Claude Forand, Daniel Marchildon et la Savante folle qui se sont rencontrés au premier salon du livre de Timmins.

Ça fait deux jours et je n’arrive pas à y croire. D’ailleurs, je n’ai pas encore déballé le superbe cadre du prix. Mais il le faut bien, parce que les questions d’entrevue pleuvent, une pluie fine et généreuse.

Le défi d’écrire de la SF

C’est plus amusant que parler du défi d’écrire un roman de science-fiction qui s’assume comme tel, sans perdre notre jeune lecteur dans un dédale de détails techniques! Le secret de Paloma… est, pour cela, un roman plus facile d’accès, une histoire très psychologique, avec des touches d’humour, dans laquelle je me suis beaucoup investie.

C’est toujours difficile de parler de son travail, mais disons que le roman parle de la santé mentale telle que vécue par des jeunes vivant dans un milieu hostile. Il pose la question de la responsabilité, du secret de nos cœurs et de nos déroutes intérieures, le deuil, l’amitié, le pardon dans une société en mode survie.

C’est l’histoire d’Alouette en colère qui veut savoir ce qui a poussé sa meilleure amie à partir au désert. Ce sont les sentiments universels de culpabilité et de regret qui l’affectent, mais elle parviendra à découvrir la vérité.

Pour vous procurer le roman

Un livre avec des signets. Photo par Michèle Laframboise

* En 2009 avec La quête de Chaaas, puis en 2013 avec Mica, Fille de Transyl.

Grandeurs et misères de la table de dédicaces – 103

Michèle devenue célèbre (enfin!) récolte le fruits de ses labeurs
L'auteure en a bavé pendant des années pour arriver à son succès, mais son bon papa n'est plus là pour l'apprécier !

Cette BD est un hommage à mon père, Jacques Laframboise, qui nous a malheureusement quitté le 8 novembre 2014, au petit matin. Papa m’a toujours encouragée dans ce que je faisais, et a soutenu mes sœurs dans leurs projets. Hélas, il ne verra pas le résultat de ses bienveillants efforts.

Cette 103e page des Grandeurs et misères de la table de dédicaces lui est dédiée, avec gratitude.

Œuvrer au fond d’un trou

C’est un secret mal gardé dans le monde des artistes et des écrivains que certains récoltent la gloire dès leur première oeuvre et accèdent au statut d’incontournable, tandis que d’autres, ben… Je me souviens encore de la foule de journalistes qui s’est retirée quand mon tour était venu de parler en public, juste après une adolescente de 14 ans qui avait commis son premier roman. Oui, j’avais éprouvé une sensation de vide en dedans.

Je ne souhaite à personne de travailler sans reconnaissance. Comme m’avait dit un jour Jim Corcoran: « je suis dans le relève depuis 30 ans ». J’envie toujours les auteurs comme Michel Rabagliati qui a eu une audience large et immédiate du premier coup. Incontournable. Pianissimo, mon meilleur album de BD à l’époque, était passé dans le beurre.

Je travaille au fond d’un trou médiatique depuis plus de trente ans.* Auteure invisible et contournée. Pas d’invitation à participer à des collectifs de BD. Refus multiples. Pas d’articles dans la presse, même quand je suis finaliste au prix du GG et au prix Trillium (j’ai eu une entrevue comme finaliste, mais seule celle du récipiendaire a été publiée). Il faut dire que la science fiction était encore mal acceptée voici dix ans. Aujourd’hui la SF est mieux acceptée, mais ce sont les nouveaux auteurs qui en bénéficient.

Pour une grande partie de ces années, j’avais le soutien indéfectible de mes parents. Mon père savait trouver les bons mots pour m’aider à redevenir sereine, et à persévérer.

Une ou deux rares fois, un événement me ramenait au niveau du sol, puis je replonge. Ce n’est pas la gloire qui me manque, mais la joie de pouvoir partager mes histoires avec un grand nombre de personnes.

Le désavantage de l’artiste qui vieillit…

Puis, j’ai perdu mon père et grand fan. J’avais un peu honte de n’avoir pas fait de brillante carrière en ingénierie comme lui, mais finalement, je me suis rendue compte qu’il m’a toujours considérée comme égale en science.

Là, ça s’est dépeuplé autour de moi, et ma bonne maman, qui m’a aussi encouragée, lit moins qu’avant à cause du grand âge. Il reste mes sœurs et les plus jeunes dans la famille élargie, et mon mari et fan numéro un. Mes grands-parents? Je les ai eus très longtemps, une grande chance, mais eux aussi se sont envolés, et ne verront pas le fruit de leurs encouragements.

Presque tous mes profs du secondaire ne sont plus parmi nous. J’ai perdu un grand ami, prof de géographie et fan, l’an dernier, à 94 ans.

Ça vous dit l’âge de mon corps, ce que certains collègues me rappellent, soit par des commentaires sur mon apparence, soit par omission, comme dans cette circonstance. Ça vous dit que mon indice de « décolleté » baisse avec le temps. Je sais qu’aucun éditeur européen ne m’engagerait à mon âge pour dessiner une série à succès. Et même si j’étais cute, je m’en méfierais, avec toutes les occurrences de harcèlement des auteures de BD.

Mais qui récolte un brin de sérénité

Depuis que j’ai lancé ma propre maison d’édition, je ne suis plus à la remorque d’éditeurs de BD. Développer et contrôler toutes les étapes d’un projet me libère, même si mes livres surnagent dans un mer de publications.

Mais désormais, je suis contente pour les collègues qui obtiennent leur portion de couverture médiatique et récoltent la gloire dans la vingtaine, la trentaine… parce que ceux et celles qui ont toujours cru en leurs capacités, les professeurs, les parents et grands-parents, sont encore là pour partager leur fierté!


* 1991, pour être précise.

Un doux bruissement de pages…

Ce doux bruissement est celui de mon 19e ou 20e roman, Le secret de Paloma, qui va prendre son envol.

(19 ou 20, ça dépend comment je choisis de les compter. J’en ai deux qui ont passé par deux éditeurs différents, et un de ces textes a beaucoup changé, pas l’autre. Et j’ai inclus un recueil de nouvelles. )

La terrible question qui gruge la jeune Alouette, dont la meilleure amie est partie à jamais…

Survivre dans un monde hostile

Dans cette image, se retrouve la fragilité de la vie, dans une vallée où il faut déployer efforts et énergie pour faire pousser les récoltes, et où la technologie est allouée au compte gouttes.

Quand le soir tombe, la pression de l’air sur la planète chute drastiquement, comme si vous passiez du niveau de la mer au sommet du mont Everest en quelques minutes.

À la suite d’une catastrophe, la vie confortable des pionniers a basculé dans une survie ardue, sous un abri construit contre le mur d’assise, et fermé par un Rideau hermétique. Les ressources limitées forcent à économiser l’usage des technologies avancées et à partager les corvées. Il faut aller chercher l’eau dans des collecteurs situés en hauteur, dont les ailes noires font penser à des corneilles.

L’adversité frappe durement la population adulte où les suicides ne sont pas rares. Parce que sur Sérail, il suffit de partir et de ne plus revenir le soir venu.

Or, les jeunes étouffent dans cette microsociété, située sur un monde où eux n’ont pas choisi de s’établir. Des conflits éclatent, mettant en péril la cohésion du petit groupe qui habite le Théâtre.

Un extrait

Chapitre 1
Une perle dans le désert

Les nuages indifférents s’effilochaient sans hâte
dans l’orange pâle du ciel, un vif contraste avec le
vent qui fouettait la crête sur laquelle j’avais pris
pied. Les grains de sable qui frappaient la visière
de mon casque produisaient un crépitement sec,
comme un signal radio parasité.
Encore essoufflée par mon escalade, je scrutais
l’étendue du désert.
Les dunes se nouaient et se dénouaient, leurs
crêtes dorées sculptées par le vent. Elles formaient
un grand bassin de sable cerné par les flancs
crevassés de montagnes en perpétuelle dispute.
Celles-ci, âpres et dures comme la vie, se
tordaient comme pour s’élever plus haut, toujours
plus haut, une dispute géologique commencée
des éons plus tôt, sous la poussée des forces tectoniques
qui modelaient notre monde.
Ce paysage désertique rendait Paloma facile
à repérer : une petite perle violette reposant au
creux d’une immense cuillerée de sable blond.

L’Alouette au désert

Désert physique, depuis que la sécheresse s’est installée; désert moral et affectif des survivants. Alouette devra affronter les deux formes de désert pour trouver un sens à sa vie sans Paloma.

Lancement en ligne

Dans les conditions imposées par la pandémie, les éditions David organisent un lancement en ligne. Il n’y aura pas de table de dédicaces, de gâteau ou de liqueurs, hélas. Et encore moins de chocolat (que j’adore riche en cacao), mais votre présence réchauffera l’ambiance!

Le lancement du Secret de Paloma aura lieu en ligne, mercredi le 19 mai 2021, à 18h. Contact, Véronique Sylvain (voir le courriel/téléphone sur le carton) pour obtenir votre mot de passe. Il n’y a pas de limites géographiques!

Carton d'invitation
Carton d’invitation

Voici le carton d’invitation (regardez pas trop longtemps ma binette, c’est une nouvelle photo d’auteure sans ma casquette!) pour pouvoir vous joindre en ligne le moment venu. J’y lirai de extraits, et parlerai de mon inspiration pour écrire ce roman.

Contre la dévastation de la misère mentale, l’amitié et la confiance font renaître l’espoir, ce que je souhaite pour tous.

Silence

Chandelle allumée, gracieuseté de Canva.com

En souvenir d’elles parties trop vite le 6 décembre 1989…

Particulièrment cette année, prenons soin les uns des autres pour faire reculer la détresse mentale.

Grandeurs et misères de la table de dédicaces – 73

..Les degrés de déception professionnelle

.

Les déceptions sont inévitables. Aussi bien s’y préparer.

Le premier degré de l’échelle des déceptions professionnelle est classique, impersonnel: une réponse à une demande de bourse.

Le 2e degré de déception est plus intense,  si on soupçonne (à tort ou à raison) de la malhonnêteté dans le choix.

Le 3e degré, c’est quand le projet pour lequel notre soumission est refusée émane de gens ou d’artistes qu’on connaît et qui nous connaissent. Là, ça fait mal!

Le 4e degré, c’est quand vous apprenez par les médias que le super-projet-top-visibilité organisé par des confrères qui ne retournent pas vos appels/courriels ira de l’avant… sans vous. Ici, c’est le mur du silence qui prépare le choc final.

Le 4e degré tel que décrit est arrivé assez tôt dans ma carrière naissante. L’impact a été dévastateur. Le doute est entré dans ma vie d’artiste. Je n’ai jamais retrouvé la même confiance en mon art, mes capacités. Je suis devenue invisible. 

Ça a pris des dizaines d’années et une nouvelle génération d’auteur-e-s pour que j’arrive à me débarrasser de mon complexe de l’imposteur. Dessiner cette BD et me mettre à nu a été très difficile.

***

Suggestions our bien gérer votre déception professionnelle:

NE PAS répondre ou réagir avant de laisser passer 24 heures.

NE PAS nommer en public l’organisme, exprimer sa colère en public, partager sur les médias sociaux son statut de victime. Accuser l’organisme de discrimination ajoute de nombreux problèmes : ceux qui se sentent visés nieront de toute façon (sans oublier le potentiel trollique élevé dès qu’on mentionne la chose). Et si le choix était parfaitement innocent, vous nuisez à l’organisme.

A FAIRE : tout défoulement en privé qui fait du bien. Un exercice physique la course, du jardinage, grimper dans les rideaux… permet d’évacuer le trop plein d’énergie. Après, détente: lire un bon roman, chocolat et crème glacée.

ET: travailler sur le prochain projet!

Le seul moyen constructif que j’ai trouvé pour ma plus récente déception cette semaine, c’est de scénariser cette BD. Le lendemain, au lieu de me morfondre, j’ai écrit deux nouvelles de science fiction complètes. L’un a été écrite en 20 minutes et envoyée en soumission dans la demi-heure suivante.