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Ma pointe de tarte au chocolat (plus mince pour la SF)

Ma pointe de tarte au chocolat est mince. Non, vous n’êtes pas tombés sur une chronique gourmande; je parle de la pointe de tarte du lectorat de SF !

Je suis une auteure de science fiction, genre longtemps décrié par les critiques littéraires, et encore souvent nié par des auteurs « littéraires », même ceux ou celles qui voient un de leurs ouvrages d’ »anticipation » grimper en popularité. À une époque récente, certain-es se livraient à d’incroyables acrobaties verbales pour ne pas prononcer en entrevue ces mots honnis, « science-fiction. »

Je reviens de deux merveilleux salons du livre, celui de Dieppe (NB) et celui de Rimouski (le plus vieux salon du livre du Québec, qui fête son 60e anniversaire). Dans le premier, je signais pour deux romans et mes recueils, à des périodes limitées. J’ai cependant donné des ateliers en milieu scolaire pour encourager les jeunes à lire.

Au Salon du livre de Rimouski, j’avais mon propre kiosque qui offrait une belle sélection de livres variés, facilement accessibles. Là, environ un visiteur sur 20 va naturellement graviter vers ma table avec ses couvertures d’espace et de vaiseaux spatiaux!

Couverture des Voyages du Jules-Verne
Tome 1 de ma série de space-opera, qui a trouvé son public!

Un lecteurice sur 20, semble peu, mais oh quelle joie j’ai eu devoir briller les yeux d’une dame qui avait, deux ans plus tôt, acheté la série complète des voyages du Jules-Verne, et qui en parlait avec enthousiasme à un visiteur qui avait « zoomé » vers ma table en voyant les couvertures bleutées des mes recueils de SF.

Mes 5 recueils de SF
Mes 5 recueils de SF

La dame se souvenait très bien de la série et a vite acquis la les cinq livres de La quête de Chaaas. Le lecteur a lui aussi trouvé son bonheur à ma table… et est reparti avec de la lecture! Bien qu’officiellement promu comme pour un public adolescent (le protagoniste est un ado) bien des adultes achètent et trippent sur la construction de monde et la société complexe des Jardiniers.

Un changement qui fait du bien à mon petit coeur de créatrice d’univers! C’est pout des moments comme celui-là que je me dis que ça vaut la peine de me déplacer.

J’ai longtemps enduré de voir mon genre littéraire favori décrié par certains lecteurs comme dans cette BD inspirée par le Salon de Paris 2008). Souvent, ils-elles ne pouvaient expliquer pourquoi ce genre les rebutait. Sans doute un écho de mauvais films… car rare sont les visiteurs de Salon qui pouvaient me citer le titre d’un livre dont le contenu les a dégoûtés de la SF.

Dans tous les genres, il y a des bons et des mauvais livres édités. Mais il y en a pour tous les goûts, certains mélanges s’avèrent plus appétissants que d’autres. La popularité des genres littéraires a beaucoup varié selon les époques.

Certain genres sont devenus si populaires que presque tout le monde en a au moins lu un titre. C’est très utile quand on fait une présentation en classe et qu’on veut donner un exemple que tout le monde comprendra. Des romans policiers, des mystères, j’en ai lus, vous en avez lus, et certains personnages sont devenus des icones : Sherlock Holmes, Miss Marple, Hercule Poirot, Maud Graham….  Même des genres comme l’horreur qui attiraient moins, regagnent en popularité.

La SF, elle, reste dans un recoin moins fréquenté. Mais ça change, et ça bouillonne dans le milieu de la SF francophone.

Pour revenir aux gens qui ont pu faire une mauvaise expérience d’un genre… je peux vous dire où je me trouvais quand j’ai goûté à la plus mauvaise crème glacée de ma vie.

(La réponse dans l’image ci-dessous!)

Michèle au Forum Romanum avec un cornet de crème glacée acheté sur place
Michèle au Forum Romanum avec un cornet de crème glacée acheté sur place (merci Deposit Photos pour le décor)

Pourtant, cette crème glacée romaine n’était pas mauvaise, c’était mes attentes de goût qui ont été déçues! J’étais habituée à la crème glacée au chocolat qui goûtait fort. Ma mère, qui avait choisi la crème glacée à la vanille, a bien apprécié son cornet.

Heureusement, j’aimais déjà beaucoup le chocolat ! Donc vous aussi pouvez goûter une mauvaise « crème glacée littéraire » et, sans autre expérience du genre, en ressentir du découragement.

Et la SF?

La science fiction évolue sans cesse, déjouant les attentes.

La SF des années 30 et 40, par exemple, regorgeait d’enthousiasme pour les progrès de la science. Les personnages y étaient souvent stéréotypés, mais les histoires proclamaient le triomphe de la technique et finissaient selon la morale dominante de l’époque.

Dessin fait en souvenir de Hiroshima 70 ans Les murs gardant la mémoire des disparus de ce matin du 6 août 1945
Dessin fait en souvenir de Hiroshima, 70 ans en 2015

Puis, sont arrivées la bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki en 1945, et le côté obscur de la science a pris le devant. Les histoires de fin du monde et les dystopies atomiques ont proliféré, ainsi que les histoires de dictatures sociale, 1984 étant la plus connue.

Plus tard encore, après les space-opéras militaires qui regorgent d’acronymes et mettent en scène des individus aguerris contre des méchants extraterrestres, sont venu des thèmes plus écologiques et féministes, des préoccupations sociales.

Aujourd’hui, la science fiction est un large éventail de nuances où chaque personne peut trouver son compte.

Ma pointe de tarte

Ma pointe de tarte, la science fiction, sera plus étroite que celle de la romance ou du fantastique épique. La SF met en relief des concepts et des expériences de pensées qui nous éloignent beaucoup du ici et maintenant.

ma table bien garnie de livres de SF
Une table bien mise!

Alors, pour une même scène dans laquelle Pierre-André se rend au bureau, la description dans un roman-miroir sera plus courte. On sait que Pierre-André est un homme, qu’il porte des habits propres, on sait (à peu près!) à quoi ressemble un bureau.

Mais qu’on transporte un personnage ailleurs, dans un autre monde, dans une autre culture, et il faut montrer cet endroit si différent aux sens des lecteurs d’ici! Il faut allonger le nombre de lignes de description pour obtenir le même effet.

Grosso modo, dans un salon, environ 1/20e des gens qui passent vont au départ apprécier assez le genre pour s’arrêter et regarder les livres à ma table. (Je dirais 10% en général, mais comme je fais du jeunesse je divise par deux). j’adore rencontrer mon public et partager ma passion.

Mais je ne me plains pas, car encore moins de personnes vont acheter des recueils de poésie. Dans les salons, je me fais un point d’honneur d’acheter un ou deux recueils, pour les offrir dans ma famille.

Toutefois, si on aime découvrir de nouveaux mondes, un monde imaginaire bien aménagé, tant en science-fiction qu’en fantasy (où intervient le surnaturel), permet non seulement à l’auteur d’y revenir, mais aussi à des fans de l’adopter, et de s’y promener comme dans un jardin.

Dans certains cas, les fans peuvent créer des fictions (les fan fic) et ajouter des histoires à des univers existants. Et c’est ce qui rend le monde des livres si intéressant aujourd’hui!

Il n’y a plus de frontière coupée au couteau entre l’auteure créative et la lectrice consommatrice, mais un dialogue qui s’amorce. Et des mondes fascinants se construisent, qui nous invitent à y séjourner.

Rencontre aquatique 
Extrait de Maîtresse des vents
Extrait de Maîtresse des vents – Plus d’infos ici.