Cette hécatombe est silencieuse, comme le sont les silhouettes dégarnies des frênes qui défilent avec le paysage depuis ma fenêtre de train.

Depuis plusieurs années, la population de frênes d’Amérique du nord est assassinée de l’intérieur par un mignon coléoptère aux élytres vert bouteille, Agrilus planipennis. L’agrile du frêne se nourrit des feuilles du frêne. Hélas, la femelle y pond ses oeufs. Ce sont les larves qui mangent le délicieux cambium, (la zone entre le tronc et l’écorce, où circule la sève). Et creusent un trou pour quitter l’arbre, au terme de leur développement. Les films de SF avec des « Aliens » qui sortent de l’estomac de leur hôte n’ont rien inventé. En fait, il ne manque pas d’inspiration avec d’autres parasites du monde des insectes.
Une larve ne suffit pas à tuer un arbre, mais un millier vont causer la mort de l’arbre en quelques années. Un scénario parfait pour une dystopie, qu’on a déjà vécu avec les Ormes d’Amérique infestés par un champignon (Ophiostoma spp.) transporté par un insecte, le scolyte. Quelques ormes ont résisté, mais il a fallu hybrider des espèces pour obtenir des individus résistants au champignon. Ces nouveaux hybrides sont loin d’avoir le port altier de nos bons vieux ormes d’Amérique…

Les frênes sur notre petit terrain sont aussi en train d’agoniser. Eux aussi sont grugés de l’intérieur, et on ne peut que les regarder dépérir…
Ça ressemble à la lente corruption d’une société. Les agriles sont des coléoptères qui agissent pout survivre. Les ultra-riches qui creusent les fondations de notre civilisation et depuis leur cage dorée, nous regardent dépérir collectivement en sirotant leur champagne.
Mais rien ne « frêne » la cupidité humaine, on dirait…
Pour en savoir plus
L’émission Moteur de recherche a produit des reportages sur la lutte à l’agrile du frêne. La génomique nous offrirait de l’espoir, des marqueurs génétiques pour identifier la présence de l’agrile sur un arbre. Pour écouter ce reportage récent.
Pour en savoir plus, site du gouvernement du Canada, page de l’agrile du frêne.
Pour voir les dégâts sous l’écorce, aller sur le site de l’Ontario.
Le site du Jardinier Paresseux sur le sujet (non, c’est pas tiré de ma séris de SF !)









