Vacances et Providence (2 semaines de bonheur dans un motel)

C’est un défi de partir en vacance en respectant la planète, mais on a fait de notre mieux. Pas d’expédition au bout du monde avec trajet en avion, co-voiturage, et un transport en commun au retour.

C’est aussi un défi de trouver des établissements qui ont renoncé au plastique, mais cette fois oui, on en a trouvé. Nous nous sommes installés à Providence Bay, pour deux semaines dans un… motel magnifique!

Magnifiques vitraux.

Un motel vraiment spécial et chaleureux

Dans nos têtes, quand on pense « motel », on pense un lieu bruyant, un building âgé, des chambre beiges et mornes, un peu comme comme cette description pigée dans un roman de la série Jack Reacher de Lee Child (Never Go Back) qui m’avait frappée lors de la lecture.

« …the night clerk gave him a room, which had all the features Reacher expected, because he had seen such rooms a thousand times before. There was a raucous through-the-wall heater which would be too noisy to sleep with, which would save the owner money on electricity. There were low-watt bulbs in all the fixtures, likewise. (..) No doubt the shower would be weak and strangled, and the towels thin, and the soap small, and the shampoo cheap… »

Eh bien, rien à voir avec le Huron Sands. On a plutôt découvert un petit coin de paradis.

Huron Sands est très au-delà d’un « motel » anonyme aux chambres sans grâce et mornes. Ses dix chambres sont élégantes, avec un plafond incliné en bois avec traverses, un plancher en bois flottant, des murs bleu-vert et des vitraux sur le triangle de vitre au-dessus des portes (photo). Les propriétaires avaient racheté un motel bâti vers 1958 et tout rénové.

Les vitraux des chambres 2 et 3 sont vraiment magnifiques. Notre chambre, la 1, n’en avait pas mais un appliqué-collé tamisait la lumière au-dessus des rideaux en un doux bleu.

Certaines chambres avaient des cuisinettes; pas la nôtre, mais elle comptait un four micro-ondes, une cafetière, un petit frigidaire et une bouilloire pour le thé, ce qui nous a permis de nous faire un peu de repas. Un gros plus: ils acceptent les animaux de compagnie !

Souvent en motel, les décorations sont inexistantes. Même en hotel chic, les cadres sont des reproductions cheap. Pas ici. Les cadres et oeuvres d’art faits par des artistes locaux sont même disponibles pour la vente! Au restaurant, on pouvait acheter des pots de délicieuse gelée de « hawberry » faite maison. Les dames qui géraient et le motel et le petit restaurant (dont mon mari a essayé TOUS les plats lors de notre passage), et le fils de l’une d’elles, ont été au-delà de nos attentes.

Oui, un bel endroit !

Je recommande chaudement le restaurant car il y a des aussi mets végétariens et végans. Tania cuisine de merveilleux bourrekas et des crêpes russes « blinis » qui font notre bonheur le matin. Il y a aussi de la soupe aux lentilles et du « borscht » qui valent le détour, et des plats plus copieux et des déjeuners. Ouvert de 9 h à 9h avec une pause entre 2 et 4 heures. Leon et Colleen sont super gentils, en deux semaines on a appris à apprécier leur constant labeur! Colleen nous a apporté un vieux drap pour ranger nos bicyclettes en sécurité (Photo)

La gentille maîtresse des postes, Éleanor, avait son petit bureau collé entre le restaurant et notre chambre no 1, donc on a pu acheter des timbres et envoyer des lettres et paquets, ce dont je ne me suis pas privée.

La borne de recharge au mur du bureau de poste pour recharger une batterie de voiture électrique! C’est lent, ça prend 5 heures, mais c’est utile. PLUS (continué): l’eau du robinet goûte très bon! Salle de bain très propre.

Une petite place tricotée serrée

À Providence Bay, il n’y a pas de dépanneur, alors le petit café Muchmor et le restaurant du motel comblent ce manque. Le Mutchmor est très impressionnant avec une superbe murale qui fait la joie des réseau sociaux. L’établissement offre de tout, y compris des chambres, des cours, de l’artisanat local. Et le café intégré offre des patisseries, des collations, sandwiches et café bien sûr!

Des jeunes de Sudbury, à 1 heure et demie, y travaillent l’été.

Un voisin tient même un mini BBQ tous les jours, ce qui dépanne quand les deux restaurants (autres que le Huron Sands, ouvert 7 jours) sont fermés le lundi.

Dans une île au nord, la nourriture est forcément un peu plus chère qu’au sud à cause des réseaux de distribution. Les prix y sont en conséquence: 8 piasses pour un bon hotdog, 10-12 pour un burger bien garni. Gilles a apprécié le restaurant de poisson.

Et la plage…

Coucher de soleil sur la plage de Providence Bay, sur un lac Huron calme.

Distance de marche de la plage: 250 mètres, deux rues. Si vous prenez la rue McNevin, il y a une mini-bibliothèque d’échange de livres devant la petite église. J’y ai laissé un des miens…

Un pavillon d’interprétation, un mini-magasin et des terrasses avec des tables joignent la promenade, un bonheur pour les promeneurs et ornithologues amateurs. Il y a des toilettes publiques et une plaque pour se rincer les pieds ensablés, une très bonne idée. Les toilettes ont un espace pour se changer aussi. Il y a aussi, joie, des appareils d’exercice accessibles et des structures de jeu pour les enfants.

Un long tapis permet de passer du parking à la plage sans se fatiguer à marcher dans le sable pour ceux-celles qui sont chargés de chaises, serviettes, parasols, tente de plage, etc. Plus loin on peut louer des canots-kayak.

La plage et la baie offrent du sable fin, avec un peu de grains de magnétite (le guide dit qu’on peut s’amuser avec une aimant pour en ramasser).

Tôt le matin, les eaux plus calmes m’accueillent pour une trempette tranquille. Je signale la clarté exceptionnelle de l’eau du lac Huron, d’une belle couleur vert émeraude. Je n’ai pas vu de poissons car la baie près de la plage est peu profonde, et du sable fin.

Manitoulin, c’est aussi un rêve de géologue.

Le milieu des alvars, spécial. C’est un milieu semi aride sur une couche de roche calcaire (surtout de la dolomie) sur le bord du lac Huron. Le sol y est pauvre, et les plantes habituées aux changements de niveau d’eau. L’eau du robinet a d’ailleurs un très bon goût. On en a rapporté dans nos bouteilles pour faire durer nos vacances!

Une espèce de pin rouge et les cèdres y trônent, habités par des pinsons bruants et des mésanges.

Une belle table de billard, ou presque, en calcaire, à Misery Bay
Même Alvar, une belle table de billard avec quelques roches déplacées par les glaces du printemps… Les arbres au fond sont tous des conifères pins et mélèzes, et des cèdres très mature.
L’alvar au bout de providence bay, avec des plantes de rivages qui endurent les conditions extrêmes.

Il ne manque pas de vie animale, comme cette couleuvre, capturée lors d’une promenade en vélo.

Une couleuvre se glisse parmi la rocaille de l'alvar
Une couleuvre se glisse parmi la rocaille lors d’une promenade en bicyclette.
Bonheur géologique. J’ai pris une tonne de photos de roches. Ici Gilles a remarqué une roche rouillée dont les deux morceaux se recoupent (à gauche et droit de ses pieds.) Il y a pas mal de petits fossiles en cherchant bien.
Je n’ai pas d’explication pour ces cavités creusées dans la dolomie. Érosion par des grains qui tourbillonnent sous un couvert de glace?
Identifiez cette plante quasi extraterrestre! Je n’en ai jamais vue une telle.

Des morceaux de souvenir

Les paysages de l’Île Manitoulin sont multiples. On y aperçoit des champs de foin, et malheureusement, quelques granges abandonnées qui tombent tout doucement…

Les belles choses qui passent comme les fleurs du jour. La solitude du camionneur-livreur. Les pieds dans le sable chaud de la plage de Providence Bay. Le lac qui brille de couleurs dignes de dessins d’enfant, turquoise et bleu outremer, selon la profondeur. Une promenade en hauteur à Gore bay.

Les chutes Bridal Veil Falls, ci-dessous, qui décrivent un bel arc de cercle parmi les roches sédimentaires. Hauteur, environ 30 pieds, près du la Kagawong.

chutes Bridal Veil
Vue prise de l’escalier de métal qu’il faut descendre pur se rendre au plancher…

La courbe de ces chutes cachent que l’eau y est froide, et qu’il vaut mieux avoir des souliers de plage car ouille! Beaucoup de petits blocs aussi anguleux que fracturés sous nos pieds. Une foule de visiteurs s’y retrouvaient en après-midi (on n’avait pas bien choisi notre heure) et la technologie incluait aussi des drones…

L’eau d’une chute de trente pieds tape *très* fort sur la petite tête, donc attention.

On a suivi un sentier qui s’éloignait des chutes et traversait la forêt d’un côté de la petite rivière Kagawong, qui se déverse dans le lac du même nom. On a essayé de parcourir le sentier de l’autre côté du ruisseau: mauvaise idée, un des petits ponts était fermé. Il a fallu se mouiller les souliers et traverser en un lieu pas trop profond.

Des oeuvres d’art sont omniprésentes. Dans les chambres de notre motel, dans le café Muchmor de Providence Bay, dans les parcs.

Celle-ci m’a près des chutes particulièrement plu. Oui, l’art qui paraît si inutile aux politiciens et aux affairistes, embellit nos vies. Ce globe d’acier inox ou d’aluminium représente les choses fragiles, feuilles et noix et fleurs…

Gilles qui en bon promeneur écologique retire une papillote de bonbon de l’intérieur. Encore près des Bridal Veil Falls, au bout du sentier d’excursion.

Je termine par ce petit banc qui regarde vers le Nord, devant le lac Kagawong. Un poème y figure, écrit par le fils des parents ainsi honorés.

Take back my hand, sweet time of youth
Touch my heart and teach it truth
For here lies all of life's sweet song
To sing when all but love is gone
Take back my hand, sweet time of youth
Touch my heart and teach it truth
For here lies all of life’s sweet song
To sing when all but love is gone


–Earl Clinton McDermid

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